Cela fait déjà un bon moment que je souhaite aborder le thème des émotions dans ce blogue. Mes différentes expériences en coaching et dans la vie en général me laissent voir que tous ne sont pas à l’aise de parler d’émotions, surtout des leurs. Et c’est tout à fait normal, puisque nous n’avons pas appris. Plusieurs émotions sont troublantes et inconfortables, et les accepter n’est pas toujours chose facile. Et s’il s’agissait de l’un de nos angles morts importants ?
Dans son livre « Emotional Agility: Get Unstuck, Embrace Change, and Thrive in Work and Life », Susan David décrit deux comportements improductifs relatifs aux émotions
1- Repousser l’émotion et continuer comme si de rien n’était;
2- Mariner dans son émotion inconfortable, la brasser et la rebrasser sans fin.
Pour ces personnes qui adoptent le premier comportement, une émotion est inconfortable, gênante ou vue comme un signe de faiblesse. Elle a même le potentiel d’éloigner les gens si elle est exposée au grand jour. Alors mieux vaut rester dans l’inconscience.
Le problème en enfouissant les émotions troublantes est qu’aucune action n’est entreprise pour régler ce qui en est la source. Bien qu’enfouies, elles restent très présentes. Tôt ou tard, elles refont surface à un moment inattendu, de façon involontaire, avec une intensité plus forte que désiré et de manière plus dommageable, auprès de quelqu’un qui n’y est pour absolument rien. Rester loin de ses émotions limite notre croissance et notre possibilité d’évoluer.
Quant au deuxième comportement, les personnes ont de la difficulté à faire la part des choses et à lâcher prise. Contrairement aux premières qui font l’autruche, celles-ci sont au moins conscientes de leurs émotions, ce qui est déjà mieux. Néanmoins, ce comportement est tout de même improductif car ruminer ses émotions donne un faux sentiment d’effort. De plus, lorsque cela est fait de façon répétée avec ses proches (car le problème n’est jamais réglé), ces séances peuvent mener à une fatigue empathique. En effet, ce « maitre-brasseur d’émotions » ne laisse aucune place à l’autre.
Ces deux stratégies n’avantagent personne. Que faire alors ? Pourquoi ne pas gérer nos émotions tout simplement et retirer tous les bénéfices qu’elles nous apportent ?
Je vous propose trois actions pour améliorer la gestion de vos émotions. Celles-ci requièrent un préalable : accepter l’émotion pour ce qu’elle est, c’est-à-dire le résultat d’un processus tout à fait normal. Une émotion est une réponse rapide qui découle des pensées déclenchées par un élément dont nous sommes témoins par l’un de nos cinq sens. C’est tout ! C’est une information utile qui nous indique une insatisfaction. Avec cette idée en tête, l’émotion perd de son caractère menaçant et il est plus tentant de l’utiliser à son avantage.
Les 3 actions
1- Prendre conscience de la présence de son émotion
Il s’agit tout simplement de prendre conscience de l’inconfort ressenti et de s’arrêter pour se poser la question suivante : « Qu’est-ce que je ressens ? Colère, tristesse, peur, dégout, surprise ? » C’est le point de départ pour s’éloigner de nos réactions automatiques, se détacher de l’émotion. Lorsque nous apposons une étiquette sur l’émotion vécue, cela calme notre esprit chaotique et nous sommes en mesure de réfléchir plus efficacement et de passer à la deuxième étape.
2- Comprendre d’où vient l’émotion
S’observer avec curiosité et neutralité est nécessaire pour gérer nos émotions. Qu’est-ce qui l’a déclenchée ? Quelles sont les pensées qui m’habitent pour me faire réagir ainsi ? Est-ce bien l’intention de la personne en cause ? Quel scénario me suis-je raconté ? Dans quelle mesure est-il exact ? Lequel de mes besoins n’est pas satisfait dans cette situation ?
3- Prendre soin de soi
Lorsque l’on a rassemblé les bonnes informations, c’est le temps de choisir le comportement à adopter qui comblera le besoin insatisfait. Peut-être faudra-t-il faire le deuil de notre stratégie initiale, comme tenter d’amener quelqu’un à changer par exemple, ou peut-être qu’une conversation avec la personne en cause sera de mise pour éviter tout futur imbroglio (relire ce billet). L’idée est de faire un choix conscient qui respecte nos valeurs, nos besoins et nos désirs.
En somme
Pour nous rapprocher de ce que nous voulons vraiment, développer plus de clarté et de cohérence relativement à notre monde intérieur est une stratégie pertinente. Il y a un autre bonus. Une meilleure connaissance et maitrise de soi nous offre l’occasion de mieux voir et comprendre le monde de l’autre et cela permet de combler plus efficacement une panoplie de nos besoins d’ordre relationnel.
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