« You always get to choose the metrics by which to measure your experiences. » Mark Manson, The Subtle Art of not Giving a F *.
Cette phrase me ramène plusieurs années en arrière lors d’une séance de débriefing après une série de tests psychométriques. À cette séance, on m’a dit que mes standards de succès étaient tout simplement très élevés du genre « À l’impossible, Caroline est tenue ! ». Certes, cela m’a poussée à me dépasser et à vivre plusieurs expériences enrichissantes. J’ai aussi eu mon lot d’insatisfactions. Mon épanouissement professionnel en a pris un coup, jusqu’au jour où j’ai validé ladite mesure avec qui de droit… Libérée de cette conception erronée du succès, j’ai pu mettre mes énergies au bon endroit et vivre une vie professionnelle beaucoup plus satisfaisante. Et si c’était notre façon de mesurer qui manquait de justesse ?
Petite incursion dans le monde organisationnel
Il est normal de se fixer des objectifs. C’est une pratique largement utilisée en entreprise : des objectifs organisationnels, découpés en objectifs sectoriels, puis en objectifs individuels. Pour réaliser ces objectifs, des stratégies sont élaborées. Des critères de succès sont rattachés à chaque objectif pour en mesurer la progression et l’atteinte. Cela permet également d’ajuster le tir au besoin. Car comme Peter Drucker a dit « Ce qui est mesuré est réalisé ».
Il est donc important de déterminer des mesures de succès qui sont adéquates. Qu’est-ce qu’une mesure adéquate ? J’aime beaucoup les caractéristiques d’un bon indicateur présentées par le Conseil du trésor: pertinence, validité, fiabilité, facilité, convivialité et comparabilité.
Retour dans le monde personnel
Dans mon billet sur les besoins, j’ai présenté qu’en tant qu’être humain, chacun de nous a des besoins à combler. Et que pour y arriver, nous prenons action. Naturellement, nous évaluons si nos actions (ou celles des autres) génèrent le résultat attendu i.e. la satisfaction de nos besoins. Quels parallèles pouvons-vous faire avec le monde organisationnel ?
Monde organisationnel | Monde personnel |
Objectif | Combler un besoin |
Stratégie | Action pour combler un besoin |
Mesure de succès | Évaluation de la satisfaction du besoin |
Ah la nature humaine !
Nous sommes ainsi faits. Pour évaluer notre bien-être, nous développons des standards, des espoirs, des souhaits, des attentes à notre égard, envers notre famille, nos amis, nos collègues ou face à la société qui sont loin d’être toujours clairement exprimés, voire même conscients. Quand nous vivons une insatisfaction, c’est que nous avons évalué que la « mesure » n’est pas rencontrée.
Voyons un exemple de mesure
Prenons pour acquis que la stratégie retenue est adéquate. Pour combler différents besoins d’ordre relationnel, notre stratégie peut être d’entretenir des liens solides avec nos amis. La mesure retenue est le nombre de « j’aime » reçus sur notre nouvelle photo de profil. Bien que facile à collecter, peut-on dire qu’elle est valide c.à.d. qu’elle mesure ce qu’elle doit mesurer ? De plus, si nous n’avons pas communiqué à nos amis l’importance pour nous de voir ces « j’aime », cet indicateur n’est malheureusement pas convivial (partagé et compris de tous) ni fiable car nous ne savons pas qui a vu la nouvelle dans son fil d’actualité. N’y a-t-il pas lieu de choisir un indicateur pertinent qui illustre concrètement le résultat attendu comme, par exemple, un ami qui est présent dans le moment difficile ?
En somme
Quand l’insatisfaction est présente, et notamment si elle se répète encore et encore dans une même situation, peut-être y a-t-il lieu de questionner le réalisme de nos mesures de succès, et cela, tant dans notre vie professionnelle que personnelle. De plus, lorsqu’une autre personne est partie prenante à notre stratégie, il importe de valider nos attentes avec elle pour s’assurer qu’elles soient partagées. Ce qui est important pour nous ne l’est pas nécessairement pour l’autre et vice versa. Ainsi, la porte s’ouvre pour trouver une mesure qui verra à satisfaire tant les besoins de l’un que de l’autre.